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Dans
l'Antiquité
Dans l'Égypte antique,
on croyait que le hérisson protégeait
les morts. De nombreuses représentations
de cet animal ont été trouvées dans plusieurs
tombes. Les dieux Temet et Âbâset sont
associés au hérisson. La déesse Âbâset,
grande déesse hérisson, est la " déesse
maîtresse du ciel régente des dieux ".
Elle symbolise le culte du disque solaire,
croyance très répandue dans l'ancienne
Égypte. Le hérisson qui dresse ses piquants
représente l'intouchable, et quand il
se met en boule, il est associé à l'inaccessible
disque solaire qui éclaire la nuit de
ses rayons.
Le
hérisson occupe également une place importante
dans la mythologie sumérienne. À Babylone,
il est l'attribut d'Ishtar, déesse de
la guerre. On en trouve de nombreuses
représentations sculptées. On le rencontre
aussi dans bon nombre de mythes d'Asie
et d'Afrique où il est décrit comme un
pionnier, initiateur de civilisation.
Son culte se répand dans tout le nord
du Proche-Orient. Dans les légendes iraniennes,
la nature solaire de ses piquants lui
a valu d'être considéré comme le symbole
de la maîtrise du feu. Chez les Bouriates,
un peuple à cheval turco-mongol, il invite
à la sédentarisation, le temps d'une récolte.
Dans de nombreuses croyances, un autre
témoignage de sa puissance spirituelle
se fonde sur sa résistance naturelle au
venin de serpent. Symbole de la victoire
sur le mal, cet attribut est aussi un
présage de résurrection et d'immortalité.
Et,
comme il voit dans les ténèbres (son œil
est censé avoir des pouvoirs surnaturels),
le hérisson voit l'invisible. L'animal
n'est pas perçu comme dangereux en lui-même,
mais sa réputation de défendre les esprits
invisibles et les morts dérange, croyance
qui perdure aujourd'hui dans la culture
rom. La capacité du hérisson à
se recroqueviller en position fœtale est
aussi un message de centrage et de connexion
avec toute source de vie. Son ventre est
proche de la terre mère, et cette proximité
est un symbole de fertilité.
Aristote
fait du hérisson la figure de l'homme
prévoyant qui ferme les portes de son
âme aux mauvais vents ; car, dit le vieux
naturaliste grec, "
le hérisson fait à son habitation deux
issues, l'une au nord, l'autre au sud,
et ferme alternativement la première au
vent glacé, et la seconde au vent chaud…"
Au
fil du temps, le hérisson devient donc
l'ami des jardiniers, qu'il aide à se
débarrasser des limaces et autres insectes
amateurs de légumes. Il accompagne alors
l'homme dans sa conquête de nouvelles
terres. Grâce à ses capacités d'adaptation
exceptionnelles aux conditions climatiques
défavorables, le hérisson peut s'acclimater
aussi bien aux régions froides où il hiberne,
jusqu'en Scandinavie, qu'au littoral méditerranéen
chaud et sec, où il peut estiver l'été,
en cas de manque de nourriture. La durée
de cette léthargie estivale dépend des
conditions extérieures, mais il se réveille
lorsqu'arrivent les pluies. Cette capacité
d'adaptation accrédite la thèse du hérisson
pionnier, initiateur de civilisation,
qui amène l'homme à se sédentariser grâce
à son rôle d'insecticide naturel qui s'avère
fondamental pour l'agriculture.
Ainsi,
le Hérisson d'Algérie Atelerix algirus,
blond, originaire des régions côtières
d'Afrique du Nord, de l'Égypte jusqu'au
Sahara espagnol en passant par les pays
du Maghreb, suit l'expansion arabe au
cours des siècles. Il apparaît dans les
îles Canaries, Baléares, à Malte, en Sicile,
en Sardaigne, en Corse et le long des
côtes d'Espagne jusqu'aux Pyrénées-Orientales.
On l'a même observé dans le Var près du
massif des Maures.
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Un
symbole de fertilité
Dans
les cultures antiques au Moyen-Orient,
le hérisson était un symbole de
source de lumière et de vie.Chaque
année en Mésopotamie, pendant le
Jour de l'An, au début du printemps, le
souverain épousait une des prêtresses
d'Inanna, la déesse de l'amour et de la
procréation afin d'assurer la fertilité
des terres. De la même manière, Ishtar
chez les Babyloniens, est la déesse des
"passages" : elle accompagne le passage
d'une année à l'autre lors de la fête
du Nouvel An nommée Akitu,
littéralement "force faisant revivre le
monde". On saisit l'importance de cette
cérémonie du renouvellement de la nature
au début du printemps dans ces sociétés
agricoles comme la Mésopotamie. Le hérisson
sortant de l'hivernation en position fœtale
est ainsi associé à Ishtar, également
déesse de l'agriculture. Il aide les hommes
à retrouver le soleil et la lune un temps
disparus. Sa capacité à se mettre en boule
d'épines lui confère aussi la symbolique
des rayons brûlants de l'astre du
jour. Dans les légendes perses, la nature
solaire de ses piquants lui a valu d'être
considéré comme le symbole de la maîtrise
du feu.
En
Iran, dans la religion zoroastrienne,
le hérisson est divinisé comme génie protecteur
des jardins, puis comme celui du sol.
Il représente alors la déesse Spenta
Armayati, patronne de la terre et symbole
de la dévotion.
Le
hérisson est également sacré dans
la province chinoise du Hebei.
Est-ce
donc grâce à ses extraordinaires facultés
d'adaptation depuis plus de 60 millions
d'années, ou de par la nature solaire
de cette boule de piquants que le hérisson
est considéré depuis la nuit des temps
comme un symbole de fertilité, source
de lumière et de vie ?
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Le
2 février, toute une histoire !
La Chandeleur, les Hérissons, le retour
du Printemps et les Crêpes?!
Dans
toutes les cultures, le début du
mois de février est le moment où
la vie reprend et se renouvelle. Nous
sentons les premiers frémissements du
Printemps. C'est l'apparition des perce-neiges.
Des premiers pissenlits réputés pour leur
action détoxifiante afin de nous
nettoyer en vue de la nouvelle période
d'activité qui s'annonce. Cette période
est propice pour nous remettre en question
et faire naître en nous de nouvelles aspirations
qui pourront éclore au printemps.
Dans l'Antiquité
romaine , la Chandeleur était la
fête des chandelles, une marche nocturne
aux flambeaux dédiée à la nature, pour
implorer le retour de la lumière au milieu
de l'hiver et invoquer la déesse des moissons.
On essayait alors d'apercevoir des hérissons.
S'ils hibernaient, on disait que l'hiver
allait durer six semaines de plus. S'ils
étaient sortis, cela voulait dire
que le printemps s'était installé, que
l'on pouvait anticiper les récoltes et
puiser ainsi dans les réserves de blé
de l'année passée pour distribuer du pain
aux plus démunis.
Le 2 février, on mange des
crêpes à la Chandeleur, en souvenir des
galettes distribuées à Rome aux
pèlerins lors d'une fête chrétienne.
Mais cette coutume est une survivance
de rites païens beaucoup plus anciens.
En effet, la fête des chandelles,était
une marche nocturne aux flambeaux, pour
forcer le retour de la lumière et l'arrivée
du printemps. Cette procession champêtre
avait pour but ultime d'implorer la déesse
de l'agriculture et des moissons. Et dans
les cultures celtiques, la déesse de la
fertilité, afin de purifier la terre.
Cette sortie nocturne était alors
l'occasion de voir si les mammifères étaient
sortis d'hibernation, et plus particulièrement
la nuit, les hérissons. Dans les
dictons populaires qui sont encore d'actualité
dans les campagnes, si le hérisson
sortait définitivement, cela annonçait
que le printemps s'était installé.
Si le hérisson retournait dans
son nid, cela voulait dire que l'hiver
allait durer encore six semaines. Cette
indication météorologique du retour de
températures clémentes propices
à la germination permettait d'anticiper
les récoltes, terminer plus rapidement
le blé de l'année passée,
et faire plus de pain à distribuer
au moment où la nature n'offre
plus rien à manger. Depuis toujours,
les anciens savaient ce que les scientifiques
ont récemment découvert
: le hérisson est une espèce
parapluie, protectrice de la biodiversité,
garant de la bonne santé des sols.
Ainsi, on peut symboliquement le remercier
pour tout ce que la nature nous apporte,
et quand on mange des galettes ou des
crêpes, penser à leur laisser
quelques croquettes pour aider les hérissons
les plus maigres à traverser l'hiver,
et prévoir de planter quelques
haies...
CHANDELLES
& CHANDELEUR
Depuis
l'antiquité,
la festa candelarum
commémorait
les retrouvailles de Perséphone, déesse
de la Lumière, avec sa mère Déméter, déesse
de la Vie, de l'Agriculture et des Moissons.
Enlevée par Hadès, souverain des morts,
Perséphone n'était plus de ce monde, les
ténèbres étaient omniprésentes. Déméter
partit alors à sa recherche avec un flambeau
dans cette nuit symbolique, et obtint
d'Hadès que sa fille reste sur la Terre
pendant deux tiers de l'année (période
claire), et dans l'autre monde (les Enfers)
le reste du temps (saison hivernale).
La
fête des chandelles à l'origine de la
Chandeleur, fêtée le 2 février, symbolise
donc le retour de la lumière à
la sortie de l'hiver, au moment de l'année
où les jours s'allongent de plus en plus
vite.
Dans
les cultures européennes préchrétiennes,
au tout début février, on célébrait également
la sortie de l'hiver et des ténèbres lors
de la fête druidique Imbolc. Ce rite en
l'honneur de la déesse Brigit a lieu la
nuit. Il est associé à l'eau, à la purification.
Essentiellement féminin, maternel, lunaire,
il est lié à des aspects nourriciers,
de fécondité, mais aussi à la nature,
à la vie végétale et animale. Les paysans
s'éclairaient avec des torches pour parcourir
les champs en priant la déesse mère de
purifier la terre avant les semailles,
en espérant d'abondantes récoltes. Le
mot février tire d'ailleurs son nom du
verbe latin 'februare' qui signifie "purifier".
On peut aussi rapprocher cette fête du
Nouvel An asiatique, littéralement Fête
du Printemps, qui démarre le calendrier
agricole lunaire, et qui à lieu a lieu
à cette période de l'année,
lors d'une lune nouvelle quand la nuit
est noire.
Le
clergé catholique chercha pendant longtemps
à éradiquer ces cultes païens. Mais les
évêques ne réussissant pas à supprimer
les processions, firent entrer les gens
avec des bougies dans les églises afin
de donner une orientation chrétienne à
ces fêtes. Ainsi, au Ve siècle, le pape
Gélase Ier institutionnalisa la fête des
chandelles le 2 février, jour anniversaire
de la présentation de Jésus Christ au
temple, 40 jours après sa naissance.
Au XIVe siècle, le catholicisme a également
repris le rite de purification avec la
célébration de la Vierge
Marie.
LE
2 FÉVRIER, JOUR DU HÉRiSSON
En
Irlande et en Amérique du Nord, le 2 février
est le jour de la marmotte, groundhog,
mais c'est bien le hérisson, hedgehog,
qui en était à l'origine! On serait tenté
de dire que le hérisson est l'animal
hibernant que l'on a le plus de chance
de rencontrer lors d'une marche aux flambeaux,
car il est nocturne ! Et s'ils ont disparu
en Amérique, ils étaient
très présents dans les civilisations
antiques.
Ces
coutumes populaires sont donc bien l'expression
du bon sens paysan pour prévoir le retour
de la douceur, de la germination et anticiper
les récoltes. Ces observations permettent
également de gérer les réserves de céréales
dans le temps et la distribution du pain.
La coutume de préparer des galettes à
la Chandeleur a perduré jusqu'à aujourd'hui.
Elle nous rappelle que la fin de l'hiver
approche et que l'on a encore assez de
réserves de nourriture. On se sert de
la farine excédentaire pour confectionner
des crêpes, symbole de prospérité de l'année
à venir. Manger des crêpes protègerait
également la récolte de la moisissure
et le foyer du malheur. De nombreux dictons
en témoignent : "Si point ne veut de blé
charbonneux, mange des crêpes à la Chandeleur".
Le disque doré de la crêpe rappelle
lui aussi le soleil...
OURS,
MARMOTTES & HÉRiSSONS : LES CHAMPiONS
DE L'HiBERNATiON
Les
processions aux flambeaux vouées aux cultes
de la nature permettent également de surveiller
la sortie d'hibernation de certains mammifères,
ceci afin de prévoir le temps. Si un mammifère
sorti de sa tanière y retournait aussitôt,
à cause du temps lumineux et vif (anticyclone
polaire), c'est que l'hiver durerait six
semaines de plus. Dans le cas contraire,
par temps couvert (dépression maritime),
c'est que les gelées étaient terminées
et que le printemps s'était déjà installé.
Ainsi,
dans le Languedoc :
"Quan la Candeloùso
lucèrno, quaranto jour après hiberno."
Quand la Chandeleur brille, il hiberne
pour quarante jours de plus.
En
Allemagne : "Wenn
zu Lichtmess der Bär seinen Schatten sieht,
so kriecht er wieder auf sechs Wochen
ins Loch."
Quand à la Chandeleur l'ours voit son
ombre, il rentre dans son trou pour six
semaines.
En Irlande : "Si
un hérisson sort de son terrier le jour
de sainte Brigid, le temps à venir sera
doux. À l'inverse, le temps sera mauvais
pour la prochaine saison à venir."
En Wallonie : "Cwand
l'lurson veût si ombe al Tchandl'eûse,
i r'mousse è s'trô po sî saminne."
Quand le hérisson voit son ombre à la
Chandeleur, il rentre dans son trou pour
six semaines.
"Ine fèye qu'on arive al Tchand'leûr,
I gn-a l'ivièr qui pleûre Ou bin il è-st-è
fleûr."
Une fois qu'on arrive à la Chandeleur,
il y a l'hiver qui pleure ou bien il est
en fleur.
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Dans les autres cultures
Dans
la culture algérienne, le hérisson représente
la petitesse du corps mise en rapport
avec la grandeur de l'esprit. Ce qui le
caractérise, c'est son aspect sauvage,
son ouïe et son activité sexuelle. Il
est le symbole de l'enracinement mythique,
de la magie, de la femme, de l'enfant
et de l'homme déchu. Le chacal, le renard
et le hérisson y font l'objet de nombreux
contes. Le hérisson conseille d'ailleurs
le chacal en posant sa patte sur la sienne
:
Si
le hérisson y incarne la figure de la
ruse des êtres de petite taille, il ne
joue pas de mauvais tours aux siens, dont
il est solidaire. Il peut être généreux
aussi. On dit qu'il est armé d'une ruse
et demie, ou encore de mille et une ruses.
Ainsi, il garde une ruse pour lui et prête
la demie restante à ses amis.
Dans
la mythologie kabyle, le hérisson a une
ascendance humaine lointaine. Hérisson
est un homme qui a volé une carde dentelée.
Il est alors puni par la grande Settut,
" Première Mère
du Monde ",
qui lui fait porter l'objet volé sur son
dos. On l'appelle Mohand, un prénom connoté
péjorativement. Pourtant il incarne la
subtilité, la finesse, car souvent sa
partie est gagnée avec un simple jeu de
mots. Les doubles sens et sens cachés
sont d'ailleurs révélateurs de l'intelligence
des hérissons, des dominés (ici les femmes
kabyles) qui excellent dans cet art. D'ailleurs,
dans le folklore marocain, le hérisson
représente le sexe de la femme : Hérisson
vaincra dans toutes les situations, car
il incarne la victoire de l'amour (au
sens de l'authenticité renvoyant à la
Nature) sur le pouvoir (culture purement
conventionnelle donc arbitraire). Tassdit
Yacine Ttitouth, extrait de Chacal
ou la ruse des dominés.
Selon
une parabole grecque " Le
Hérisson et le Renard ", Isaiah
Berlin divise le monde entre ces deux
animaux : " Si le
renard sait beaucoup de choses, le hérisson
n'en sait qu'une, mais importante.
" Le renard est
une créature astucieuse capable d'imaginer
une myriade de stratégies complexes. Il
tourne autour du terrier du hérisson jour
et nuit, attendant le bon moment pour
bondir. Il a tout du vainqueur. Mais le
hérisson va droit vers le renard. "
Ha ! ha ! je t'ai
eu ! " pense le renard. Le hérisson se
met en boule et soupire : " Encore ! Il
n'apprendra donc jamais ?
"
Les colons anglais prévoyants qui s'installent
en Nouvelle-Zélande, ou dans les îles
écossaises, emmènent aussi des hérissons,
qui sont des prédateurs très efficaces
pour réguler les populations d'insectes
qui endommagent les cultures. La capacité
d'adaptation du hérisson a là aussi assuré
le succès de son introduction. Souvent
même, l'espèce a proliféré de façon considérable.
Ainsi, dans l'île North Ronaldsay, des
hérissons ont été introduits en 1972 pour
lutter contre les limaces qui dévastaient
les jardins potagers. Une dizaine d'années
plus tard, les limaces avaient disparu
et les hérissons avaient atteint le millier
d'individus, sur une île de 14 km2 ! Et
cela s'est passé de la même manière dans
beaucoup d'autres îles et colonies.
L'île
anglo-normande d'Aurigny (Alderney en
anglais ) est connue pour ses hérissons
introduits par l'homme. Ils sont blonds,
un gène extrêmement rare qui, semble-t-il,
s'est particulièrement développé dans
ce milieu clos. En 2008, on estimait que
le hérisson blond représentait un quart
de la population de hérissons de l'île.
Dans
le folklore de l'île de Man un Arkan Sonney,
signifiant littéralement oursin chanceux,
est une créature féérique. Ils sont censés
porter chance à celui qui les capture.
La légende veut qu'ils fuient les hommes
et que celui qui en attrape un trouve
un morceau d'argent dans sa poche.
En
Serbie, seul un hérisson sait reconnaître
la raskovnik, une herbe magique. Et il
est de bon augure en Russie.
Mais
au Moyen Âge, la réputation du hérisson
change selon les pays, et même d'une région
à l'autre. Son stratagème consistant à
se rouler par terre pour piquer des pommes
et des raisins sur ses épines le fait
passer pour pingre et avare aux yeux de
certaines populations. L'église va même
jusqu'à dire qu'il est le démon qui saccage
les vignes du Seigneur. Les auteurs médiévaux
font de l'animal la figure allégorique
de Satan. La tradition paysanne l'accuse
de voler le lait, de téter les vaches
la nuit, et sa présence dans les potagers
est censée porter malheur. Il désigne
alors une personne au caractère difficile
et revêche, voire piquant, bien que cette
symbolique ne soit plus usitée. On lui
prête aussi une résistance physique peu
commune. Il est une véritable " force
de la nature " qui résiste étonnamment
aux piqûres de guêpes, et peut absorber,
sans courir de réel danger, une dose d'arsenic
qui tuerait 25 personnes !
Depuis
lors, le hérisson semble être mieux considéré,
voire être pris pour emblème par certaines
familles nobles sur leur blason. Comme
les armes de la ville de Coudekerque-Branche
: " De sable à un hérisson d'argent couronné
d'or ", celles de la ville Hérisson dans
l'Allier : " D'azur à un hérisson d'or
", et de La Petite-Raon : " De sinople,
au hérisson contourné d'argent, mantelé
d'or, à deux saumons aussi d'argent… "
À
Sainte-Marie-sur-Mer, il rappelle que
les moines de Saint-Philibert, arrivés
au VIIIe siècle, ont su défendre leur
territoire.
Dans
l'Hérault, le hérisson de Roujan est également
un animal totémique qui protège la commune.
Selon la légende du Moyen Âge, un espion
à la solde de pillards quitta le village
la nuit venue pour alerter ses compères.
Mais il posa le pied sur un hérisson et
ses cris donnèrent l'alerte. Ainsi les
pillards furent mis en fuite.
Il
est l'animal emblème de Louis XII, époux
de la duchesse Anne de Bretagne.
Carte
de France des noms régionaux du
hérisson. Revue La Hulotte spécial
hérisson
Dans
certaines contrées, le hérisson est considéré
comme un animal très sage. Le fait d'accrocher
des fruits sur ses épines afin de les
rapporter dans son nid pour nourrir sa
progéniture l'a érigé en symbole du travail
bien fait et de la réussite dans les affaires.
En 1793, en Angleterre, au tout début
de la révolution industrielle, on retrouve
cinq petits hérissons sur une pièce de
monnaie avec la devise " Industry has
it's sure rewards " qu'on peut traduire
par " L'ingéniosité et le labeur sont
toujours récompensés. "
Arthur
Schopenhauer et Sigmund Freud ont tous
deux exploité la spécificité du hérisson
pour expliquer la sensibilité d'un individu
dans sa relation à autrui. Le dilemme
du hérisson décrit une situation dans
laquelle un groupe de hérissons cherche
à se rapprocher afin de partager leur
chaleur par temps froid. Cependant, ils
doivent rester éloignés les uns des autres,
car ils se blesseraient mutuellement avec
leurs épines. Le dilemme du hérisson suggère
donc l'idée que, malgré toute la bonne
volonté du monde, l'intimité ne peut exister
sans préjudice mutuel important. Il en
résulte un comportement méfiant et des
relations peu satisfaisantes. Il est alors
recommandé de faire preuve de modération
dans ses rapports à autrui, à la fois
dans son propre intérêt, et par égard
pour l'autre. Le comportement humain consistant
à préférer garder une certaine distance
avec ses proches, par peur de trop souffrir
de ces relations, est aussi appelé " complexe
du hérisson ".
Dans
les rêves, le hérisson symbolise l'attitude
indécise et incertaine de l'homme face
à la vie. Peut-être est-ce dû à la perte
de confiance suite à une trahison d'un
être cher ? Il peut s'agir aussi d'un
manque de confiance quand on vous prête
attention ou quand on vous pose des questions,
avec la sensation que l'on fait exprès
de se moquer de vous, dans une attitude
humiliante et avilissante. Cela peut aussi
révéler un manque d'initiative dans la
vie intime et personnelle, et plus précisément
dans la sphère du plaisir sexuel.
Dans le tarot tzigane, une carte illustre
un hérisson. En voici le sens divinatoire
:
"
Dans ta situation,
la modestie est de mise. Le sage se fond
dans le paysage, même lorsqu'il a de la
défense. Il prend la mesure de son adversaire.
Il échappe au danger en se cachant, ou
par ruse. Alors, il faut ne pas craindre
de rester sans bouger, de ne pas se faire
remarquer. Ce n'est pas le moment d'aller
voir chez les voisins. Pas d'audace intempestive.
Un régime de restriction générale sera
le bienvenu pour quelque temps. Activité
limitée mais judicieuse, non supprimée.
Il faudra aussi se méfier des excès de
nourriture et de tout excès en général.
"
Dans
cette culture, le hérisson, animal bienfaisant
et bénéfique, est, comme la salamandre,
censé protéger de la foudre. Il est le
symbole vivant du paratonnerre.
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De
nos jours
Le
hérisson est le sujet de nombreux titres
ou thématiques de livres et de films :
Quipic,
le Hérisson
est un album jeunesse de 1937 que l'on
doit à Lida Durdikova, écrivain tchèque,
dans la collection du Père Castor.
L'Élégance
du hérisson,
roman de Muriel Barbery, a remporté le
prix des libraires en 2007. Il s'agit
ici d'une métaphore désignant le personnage
central de l'histoire, une concierge d'immeuble
raffinée et cultivée qui dissimule sa
vraie nature sous une apparence repoussante
et un caractère acariâtre.
Faisant
suite à la trilogie du Seigneur des Anneaux,
le 2e film de la série des Hobbits, La
Désolation de Smaug
nous fait découvrir Radagast, l'enchanteur
magicien d'une forêt où végétaux et animaux
dépérissent. Le héros de cette séquence
est Sébastien, le hérisson fétiche, qui
est lui aussi en train de mourir. S'ensuit
une séquence symbolique qui reprend de
nombreuses croyances antiques, comme les
résultats des plus récentes recherches
sur le hérisson. On y retrouve en effet
l'idée que le hérisson est une espèce
" parapluie " qui protège l'équilibre
de la biodiversité. En effet, le mauvais
sort dont Sébastien est victime semble
être en lien direct avec le phénomène
de putréfaction qui s'abat sur la forêt
tout entière. Et seules les forces conjuguées
de Radagast, qui prononce une formule
magique, et de Sébastien, qui, une fois
libéré de ce mauvais sort, revient à la
vie, pourront venir à bout des forces
obscures, maléfiques et destructrices.
Le hérisson ressuscité représente ici
encore la source originelle de la puissance
solaire, amenant lumière, vitalité et
équilibre dans la forêt. Voir l'extrait
:
Le
prix du " Hérisson de cristal " est décerné
par l'association France Nature Environnement
et destiné à mettre en lumière des personnalités
et leurs initiatives favorables à l'environnement.
Son logo est un hérisson :
Hérisson
fut le surnom de Marie-Madeleine Fourcade,
grande résistante pendant la seconde guerre
mondiale en France. Plus récemment, un
système de surveillance d'Internet des
renseignements français a été baptisé
H.E.R.I.S.S.O.N.
Pour
les couturières, un hérisson est un pique-aiguille,
morceau de tissu rembourré qui sert à
épingler les aiguilles. En métal, c'est
un accessoire servant à égoutter les bouteilles,
ou encore un long balai-brosse utilisé
par les ramoneurs pour nettoyer les cheminées.
En
breton, il se prononce Huruchin. Mais
les Anglais l'ont appelé " Hedgehog
",
ce qui signifie " cochon
de haie ".
Mais en anglais ancien, un " Urchin
"
est resté dans le langage populaire. Il
désigne alors un gosse des rues qui dort
de droite à gauche, sans domicile fixe
- comme un hérisson. Il a aussi une démarche
nonchalante, furetant partout, parfois
le nez planté vers le ciel, mal fagoté
et pas coiffé, avec les cheveux en bataille,
hirsute - comme un hérisson.
Le HÉRISSON est le symbole de la prudence.
En effet, quand il ne peut pas fuir son
ennemi, son instinct lui commande de se
mettre en boule. Il prend alors l'apparence
d'une châtaigne armée de ses piquants.
Dans cette posture, les animaux qui veulent
s'en saisir ne peuvent l'attaquer. Pourtant,
s'il est doté d'un système de défense
imparable et de remarquables capacités
d'adaptation lui ayant permis de traverser
tous les âges avec une étonnante vitalité,
le hérisson n'a pas su se protéger de
la civilisation moderne et de ses automobiles.
Pourtant,
selon les scientifiques, le hérisson est
une " espèce
parapluie ", une espèce dont l'espace
vital vaste et varié protège d'autres
espèces. Ainsi, grâce à la restauration
et à la protection de l'habitat du hérisson,
on améliorera l'habitat d'un grand nombre
d'autres espèces, et la sauvegarde de
l'ensemble de leur écosystème.